Sandrine Loncke est venue en résidence avec l’intention de réaliser une création audiovisuelle autour du glacier de la Girose.
Le court-métrage ci-dessous est un essai, qui témoigne de la résidence du collectif sur le glacier en 2021.
Lentement, je craque, me fragmente et me rétracte.
En moi, tout ruisselle. Dans la douce chaleur, sans douleur et sans résistance, je fonds.
Sur mon dos, sur mes arêtes, et parfois dans mes entrailles, va et vient toute une foule occupée.
De près ou de loin, je suis visité. Hiver comme été.
Ils arrivent à pied ou en cabine, me contemplent, me peignent, me filment et me prennent en photos.
De bas en haut et de haut en bas, ils me parcourent, grimpent et glissent sur moi.
De leurs machines, ils me nivellent, me fouillent et m’éventrent.
Ils parlent, ils parlent. Parfois, ils chantent. Et leurs voix font écho en moi.
Ils m’utilisent. Ils me défendent. Ils m’étudient, aussi.
On m’appelle La Girose.
Il paraît que je suis la dernière grande calotte glaciaire des Alpes.
Il paraît que mon temps est compté et que tous s’inquiètent de mon irrésistible disparition.
Mais moi, je suis là. Juste là.