2023 – Sandrine Loncke, anthropologue, cinéaste

Projet d’un film

Anthropologue des sociétés minoritaires et des milieux menacés, Sandrine Loncke rend compte des transformations du monde avec son enregistreur et sa caméra.
Elle est venue en résidence trois années de suite (2021-2023), avec l’intention de réaliser une création audiovisuelle autour du glacier de la Girose.

Note d’intention
Accessible à tous du fait de son téléphérique, la plus grande calotte glaciaire des Alpes que constitue la Girose est chaque année visitée par près de 100.000 touristes venus du monde entier, simples visiteurs découvrant pour la première fois de leur vie un glacier, alpinistes débutants et chevronnés, ou fondus de hors-piste. Espace convoité pour de futures exploitations qui donnent lieu aujourd’hui à de vives controverses, point focal d’un collectif militant, et plus récemment, lieu d’expression et de réflexion d’un collectif d’artistes, le glacier de la Girose cristallise finalement à lui seul toutes les tendances qui traversent aujourd’hui plus généralement la société face au changement climatique et à la mort annoncée de nos milieux glaciaires.
Plutôt que d’entrer dans la polémique, la perspective adoptée pour ce travail est de se placer du point de vue du glacier qui voit chaque jour venir à lui une foule de bipèdes, mue par diverses motivations.
Fidèle à l’approche de l’ethnographe qui s’immerge et observe une situation, il s’agira de filmer le glacier sur le long terme, dans tous ses états, hiver comme été : ses couleurs, ses lumières, sa voix… Ses états gelés, enneigés, fissurés, dénudés, crevassés… Mais aussi, ses différents publics et acteurs, qu’ils circulent sur lui ou le visitent depuis ses abords.
Car face à sa muette splendeur, c’est toute une humanité qui se déploie, s’active, s’exprime, travaille, contemple, explore, exploite, valorise, étudie, milite, préserve…
De ce lieu magistral où les changements, quoique chromatiques, sont constants, c’est la palette de nos prises de conscience et de nos réactions qui se donne à entendre et à voir, dans leur complexité, parfois leur confusion ou leurs contradictions.
Enregistrer la vie d’un glacier tout autant que la vie sur un glacier, à l’aube de sa disparition. Montrer le pinceau et le ciseau qui épousent les fractures d’une rimée comme le bulldozer qui fourrage la glace et perfore la roche pour ériger de nouveaux pylônes.
L’enjeu de ce film sera de mettre en regard et de donner à écouter, sans jugement ni préconceptions.