Olivier de Sépibus Thomaïdis, artiste, à l’initiative du Collectif Glacier.
« Né à Grenoble en 1969, Olivier de Sépibus vit aujourd’hui à Die, dans la Drôme. Il est photographe, plasticien, apiculteur, jardinier, « artiste errant plutôt qu’artiste marcheur », comme il le dit à l’occasion d’une exposition de ses œuvres dans les jardins du musée de l’Ancien Évêché à Grenoble (2017-2018). Après avoir pensé devenir guide de montagne, il a travaillé pour un magazine d’escalade, puis s’est consacré au photojournalisme. À partir de 2004, il affirme dans son travail une dimension artistique, sans abandonner l’objectif documentaire. Il entame le grand projet de Montagne défaite, auquel il s’identifie et qu’il enrichit d’année en année d’expériences et d’engagements nouveaux. Une préoccupation majeure guide toute son œuvre, en photographie, dans ses installations, ses dessins et ses architectures landartistes, et aussi comme apiculteur : c’est l’exploration de nos rapports avec le vivant, les entités naturelles, le paysage comme totalité sensible. De là son intérêt passionné, son inquiétude et son désir de témoigner pour les glaciers, les roches, la montagne en général ; de là ses initiatives dans le projet Le goût du paysage et Le Jardin Bleu, dans les expositions intitulées Affleurer le paysage, autour des plantes mellifères. De là son engagement dans les activités d’éducation et de formation du public, dans les expositions et animations présentées dans les régions alpines, de la Haute-Savoie aux Hautes-Alpes, dans le Collectif Glaciers qu’il a fondé en 2019. »
Biographie écrite par Claude Reichler, professeur honoraire de la Faculté de Lausanne, spécialiste de l’imagerie des Alpes et de son histoire.
Année 2023
Sandrine Loncke Cinéaste, ethnologue
Je suis la Girose
Tout comme la résidence en 2022 à la Girose, je continuerai d’interviewer des touristes et alpinistes venant ou passant par le 2ème tronçon du téléphérique. Je compte continuer ce travail de collecte.
La résidence sur le glacier de la Girose est l’occasion pour moi de récolter des images, du son, un matériau qui va me permettre ensuite d’écrire un film où se mêle travail ethnographique et recherche d’une écriture visuelle et sonore originale.
Sarah Locar, Danseuse, conteuse
Je suis danseuse professionnelle, conteuse et créatrice de support tel que des podcasts ou des films documentaires. Je sais que la création autour de cette résidence avec le Collectif Glacier m’amènera à utiliser les arts vivants. J’aimerais par la suite écrire des contes autour de cette rencontre mais aussi, peut être, créer, un spectacle avec ma compagnie « les ballets nomades ».
A l’heure actuelle en création sur un seul en scène dansé et conté autour de la question de l’équilibre, je réfléchis à prolonger ma recherche jusqu’à août 2023 et explorer la question de l’équilibre en lien avec le glacier.
Je crois en les vertus poétiques de l’art et au fait que la sublimation élève celui qui le génère comme parfois celui qui l’observe.
Louise Filippi, cinéaste
Dans l’ombre froide d’une montagne (titre de travail d’un film composite)
Projet durant la résidence à la Girose. Durant ces quelques jours de résidence, pour re-construire l’espace du glacier, ma circulation s’effectuera au pied comme au sommet, aux abords, vu de loin, ou au plus proche. Je me déplace sur une cartographie subjective, sensible, où le territoire se compose de neige, de reliques et d’images. Tout cela fera l’objet d’un carnet de bord. Je souhaite travailler la texture, les aplats, les échelles, le blanc et la nuit, filmer les phénomènes qui traversent le glacier en ajoutant à mes outils cinématographiques des outils scientifiques similaires : caméra, microscopes, sonar, micro, sondes…
Jean Chamel, Recherche Ethnographique
Ma participation est étroitement liée à la recherche ethnographique je mène actuellement dans les Alpes françaises et suisses sur la reconfiguration des relations, notamment sensibles, rituelles et esthétiques, à la haute montagne durement affectée par le réchauffement climatique. Mon objectif est de documenter comment le milieu montagnard vit cette transformation en termes d’émotions et d’imaginaires. Il s’agit de saisir comment il s’adapte en réinventant ses pratiques mais aussi en développant d’autres formes de relations aux entités non-humaines de la montagne, tels les glaciers: personnification par le deuil, interactions sensibles, perceptions esthétiques renouvelées, etc.
Mon rôle consistera donc à participer aux activités qui émergeront de la résidence, tout en les observant (prises de notes, photographies et captation sonores et vidéos), et à avoir des conversations informelles avec les autres participants, pour ensuite analyser les données récoltés en lien avec d’autres terrains.
Anatole Chartier, plasticien
Faire le deuils des glaciers
Depuis près de deux ans je m’intéresse à la suspension du corps et aux objets flottants. À travers la performance et la vidéo je mets en place des dispositifs pour activer mon corps, partiellement ou complètement relâché. J’attache beaucoup d’importance à travailler autour d’éléments naturels comme le sable, le vent, l’eau…
Pour la résidence sur le glacier de la Girose, j’aimerais réitérer cette expérience, seul ou avec les personnes volontaires, dans une dynamique de deuil silencieux où chacun·e prend le temps de se connecter avec les vents qui balayent ces montagnes depuis des millions d’années. À l’aide de cerfs-volants, il sont des supports à la connexion. Nous réitérerions plusieurs fois cette expérience et capturerons des images. D’ici la résidence je vais construire 3 ou 4 de ces cerfs-volants.
Année 2022
Olivier De Sépibus et Sandrine Loncke sont montés 3 jours au glaciers de la Girose pour la résidence.
Olivier De Sépibus terminait son tour des Alpes du Tyrol Autrichien au Écrins en passant par le Piémont italien.
Sandrine Loncke a effectué des prises de sons et recueillis la parole de personnes qui venaient à 3000m en haut du téléphérique de La Grave. Malheureusement, le mauvais temps les a contraint à redescendre plus tôt que prévu.
Année 2021
Natacha Boutckevitch, cinéaste
Le film est l’histoire d’une lente métamorphose visuelle d’un paysage ; il oscille entre des tonalités élégiaques face à ce qui est en train de disparaître et l’inéluctable pouvoir de transformation de la nature qui nous dépasse. Il convoque tout autant la poésie, l’imaginaire littéraire de montagne que les modélisations scientifiques actuelles. Dans ce paysage en transformation, une musique résonne, emplit l’espace : c’est un morceau de Messiaen, écrit pour être joué dans des lieux grandiose, ainsi face à la Meije. Et si le désir d’ascension est toujours là qui vient encore affermir le sentiment de notre propre existence, alors
Paulo Grobel, guide de haute-montagne, himalayiste
Pierre-Olivier Garcia, Enseignant-Chercheur en Géographie et Aménagement, Institut d’Urbanisme et de Géographie Alpine (Université Grenoble Alpes), PACTE laboratoire de sciences sociales.
Contact : pierre-olivier.garcia@univ-grenoble-alpes.fr
En tant que géographe, mes recherches portent sur les façons dont les sociétés s’organisent dans leurs espaces, leurs territoires et leurs milieux. Actuellement je m’intéresse plus particulièrement aux relations que tissent les territoires avec des entités géographiques qui les dépassent, comme les glaciers par exemple. Ces entités nous dépassent tant par la temporalité de leur évolution que par les échelles des changements globaux dont ils sont les symptômes, les signes et les symboles.
Le projet de recherche GLAMANT « Penser comme/avec les glaciers : glaciers et aménagement à l’heure de l’anthropocène » (financement Université Grenoble Alpes), que je pilote s’inscrit dans cette perspective. En synthèse, il s’agit de contribuer à notre mesure et avec les méthodes des sciences sociales à l’appréhension des glaciers d’une façon qui pourrait nous permettre de renouveler et/ou changer radicalement nos regards sur la production des territoires, et pas seulement des montagne, à l’heure de l’anthropocène.
Laurent Chanel, Chorégraphe, Plasticien, Performeur.
A partir des relations intimes que nous tissons avec la gravité, j’explore nos perceptions et leur singularités. Notre corps et ses sensations se transforment continuellement. La vie est ce mouvement même, ce devenir incessant. Mes pièces sont des dispositifs qui nous immergent dans nos métamorphoses perceptives et leurs cosmologies infinis. Chacune matérialise une typologie de vertiges singulière, une cinétique sensible.
Principales productions: un cycle de sculptures chorégraphiques (Ectoplasme 2016, Dead newton 2010, Romero’s trip 2012), des rites postgravitaires (Cthulhu 2021- 22), des installations autour des États Modifiés de Gravité (Poids par Minute 2019) , des pièces posturales ( Nonvoir3 2008, Masse 2010, Génie WP25S 2008, lux 2011, Pli 2006, je suis l’ombre de mon poids 2014), des projets in-situ pour graviter l’architecture (Reja 2017, Fossile 2019, Politique de la Chute 2011) ainsi qu’un cycle d’aventures perceptives ( Bivouac#1 à #7 depuis 2018 et Le béton coule de joie ce matin 2020). Depuis 2020, commence aussi le cycle de l’AAA ,l’Académie Artistique d’Altitude. Celle tisse des liens artistiques avec les montagnes, le territoire alpin et les environnements sauvages en général. L’AAA considère ces milieux comme des partenaires, des vivants avec lesquels collaborer. On y développe les arts de l’attention au paysage. L’AAA est une école de l’ensauvagement qui propose des performances, des expéditions poétiques, des aventures perceptives et des immersions dans l’In-situ. Danser le milieu, se plonger physiquement et mentalement dans les caractéristiques et l’atmosphère d’un territoire, d’une matière, d’une étendue, d’un climat. //// Site: arn.land